Mathias Bärtl, professeur de mathématiques et de statistiques à l’Université des sciences appliquées d’Offenburg en Allemagne (Hochschule für Technik, Wirtschaft und Medien Offenburg), a décidé de pallier le manque de statistiques de haut niveau* sur YouTube qui permettraient d’obtenir une vue d’ensemble juste de la plateforme dans son intégralité, en menant une étude sur des données aléatoires sur les chaînes et les vidéos au cours des dix dernières années.
En décembre 2017, le magazine Forbes a publié une liste des dix vedettes de YouTube les plus influentes, estimant leur revenu annuel combiné à 127 millions de dollars, soit 10,4 millions d’euros en moyenne.
YouTube, pour inciter les jeunes à franchir le pas, affirmait en janvier 2017 que le nombre de chaînes rapportant des sommes à plus de six chiffres par an était en augmentation de 50 % d’une année sur l’autre.
Les statistiques de Bärtl peignent une tout autre image : 96,5 % de ceux qui tenteront de devenir des Youtubeurs ne récolteront pas assez de revenus publicitaires pour dépasser le seuil de pauvreté.
Encore faut-il recevoir des revenus publicitaires : YouTube a rendu son programme de partage de recettes (YouTube Partner Program) plus sélectif en janvier 2017, exigeant désormais plus de 1 000 abonnés et 4 000 heures de visionnage cumulé au cours des dix derniers mois.
Le top 3 pourcent des chaînes les plus regardées, avec 1,4 million de téléspectateurs par mois, récoltera en moyenne 16 800 dollars de revenus publicitaires.
Pour bien vivre de YouTube, il faut faire partie du top 1 % des créateurs, avec 2 à 42 millions de vues par mois en 2016, ce qui leur permet d’une part d’engranger de confortables revenus publicitaires, et d’autre part d’obtenir des revenus additionnels, comme du sponsoring et de la vente de produits à leur marque, voire les dons.
Aujourd’hui, les catégories de chaînes les plus populaires sont : politique, comédie, jeux vidéo, musique et people.
Il nous semble donc que Twitch, le service de streaming vidéo d’Amazon, soit une alternative souvent plus viable financièrement, en particulier pour les jeux vidéo.
En plus des revenus publicitaires, de sponsoring et de merchandising, un créatif peut obtenir une partie des revenus des abonnements payants. Certains gagnent des quantités énormes de dons. Les dons font partie des habitudes des téléspectateurs. Le plus souvent, un don d’un montant minimum donne droit à l’affichage d’un message en direct, devant tous les spectateurs : un moyen d’expression prisé.
* YouTube, filiale de Google, est une entreprise des plus opaques. La SEC, le régulateur des marchés financiers des États-Unis, a invoqué la règle récente selon laquelle tout investisseur devait avoir accès aux mêmes informations financières de haut niveau qu’un PDG, pour tenter d’obtenir des précisions sur ses résultats financiers, et comprendre pourquoi l’entreprise ne classait pas son chiffre d’affaires en catégories logiques. La réponse de Google : vos employés ne comprendraient pas…