Oui, le Model 3 est toujours fabriqué dans une tente

Tesla : le mythe de l’hypercroissance s’effondre au 1er trimestre 2019

Le constructeur de véhicules électrique Tesla vient de publier, avec retard sur ses propres engagements, les chiffres de production et de livraison pour le premier trimestre 2019.

Tesla a produit « environ » 77 100 véhicules, dont 62 950 Model 3 et 14 150 Model S et Model X.

Tesla a livré « environ » 63 000 véhicules (dont « environ » 50 900 Model 3 et 12 100 Model S et Model X), soit 110 % plus qu’il y a un an, mais 31 % de moins qu’au trimestre précédent, la chute la plus grande de son histoire.

Tesla, qui ne publiera ses résultats trimestriels que dans plusieurs semaines, réaffirme sa prévision de livraison pour 2019 de 360 000 à 400 000 véhicules.

Rappelons le contexte :

  • La capitalisation boursière de Tesla égale celle de constructeurs automobiles plusieurs ordres de magnitudes plus grands, quelle que soit la définition de grand (nombre de véhicules produits, bénéfice par véhicule) parce que Tesla serait une entreprise de technologie, et non un constructeur automobile, et parce que Tesla bénéficierait d’une hypercroissance ;
  • Pour la première fois, le Model 3, produit vedette de l’entreprise, a été vendu à l’étranger ;
  • Pour la première fois, Tesla ne détaille plus les ventes entre Model S et Model X ;
  • Pour la première fois, Tesla a commercialisé un Model 3 SR à 35 000 dollars l’unité, le moins cher à ce jour, mais malgré les promesses, aucune voiture n’a été livrée à ce jour, et les clients rapportent qu’ils sont incités à acquérir un Model 3 normal au rabais ;
  • Les prix de tous les modèles de voitures de Tesla ont été réduits plusieurs fois au cours du trimestre, parfois de manière sidérante (plus de 60 % de réduction) ;
  • En diminuant sa production de 11 %, Tesla augmente son inventaire de voitures invendues de 9 % ;
  • Il y a 3 mois, lors de la conférence téléphonique suivant les résultats du 4e trimestre, Elon Musk affirmait que dans une forte économie, ce qui est le cas, la demande annuelle pour le Model 3 s’élève à 700 000 à 800 000 par an, et même en récession, plus de 500 000 par an ;
  • Les ventes de Model S et X s’effondrent de -56 % malgré la suppression du modèle 75 et plusieurs baisses de prix, preuve que leurs ventes sont cannibalisées par les ventes de Model 3 ;
  • Tesla affirme terminer le trimestre avec suffisamment de liquidités – sans préciser dans quel but – alors que l’entreprise a déjà procédé à 2 vagues de licenciements pendant le trimestre, a supprimé les bonus et drastiquement réduit les salaires, et commencé à fermer ses magasins, qui à terme, devraient presque tous disparaître.

Que peut-on en déduire ?

  • La correction actuelle de -7 % du cours de l’action Tesla semble légère au regard des chiffres catastrophiques, et des résultats financiers désastreux qui s’ensuivront ;
  • Que faut-il de plus aux optimistes pour cesser de croire au mythe de l’hypercroissance ?
  • Les ventes de véhicules électriques en général, et de véhicules électriques chers en particulier, quel que soit le constructeur, sont fonction des subventions publiques. Quand il n’y en a plus, les ventes s’effondrent ;
  • Tesla pourrait bien regretter le maintient de ses prévisions de vente à 360-400 000 véhicules cette année, qui nous semble-t-il, pourrait bien devenir l’origine de nouvelles actions en justice d’actionnaires. Pour accomplir cet objectif avec un premier trimestre si désastreux, Tesla devra vendre 100 000 véhicules par trimestre durant les trois prochains trimestres. Il est difficile de croire qu’un directeur ou qu’un cadre dirigeant de l’entreprise puisse l’affirmer aujourd’hui en toute honnêteté.

Aujourd’hui, Musk, qui depuis quelques jours se prend pour un magnat du rap et promeut les cryptomonnaies, doit rencontrer la juge fédérale Nathan, dans le cadre de l’affaire de son accord censément non respecté avec la SEC.