Silicon Valley Bank

Les autorités fédérales américaines ferment la Silicon Valley Bank

La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’agence indépendante du gouvernement des États-Unis, dont la principale responsabilité est de garantir les dépôts bancaires a saisi et clôt vendredi la Silicon Valley Bank (SVB), la plus grande banque régionale de Californie, populaire auprès de l’industrie du capital-risque et des jeunes pousses américaines.

Le cours de cette dernière chuta de plus de 60 % en un jour, lorsque son CEO annonça des pertes mirobolantes et le besoin de recapitaliser la banque.

Une banque fort mal gérée – le Financial Times tirait le signal d’alarme il y a plus d’un mois – car préférant acheter des bons du trésor américain et des hypothèques à 30 ans, que prêter de l’argent avec les dépôts de ses clients. Une stratégie qui fonctionna pendant la décennie de taux d’intérêt nuls ou négatifs, et de « quantitative easing » des banques centrales, mais qui se retourna contre elle quand les taux d’intérêt remontèrent à 3-4 %.

La fermeture de la banque fut largement précipitée par les capital-risqueurs : dès que les taux d’intérêt se mirent à monter, ils ne financèrent plus leurs jeunes pousses, qui retirèrent de l’argent de leurs dépôts à mesure que leurs liquidités fondirent.

Les dépôts fondirent, tout comme la valeur du portfolio d’investissement de la SVB.

Quand la banque annonça officiellement ses difficultés le 8 mars, les capital-risqueurs se précipitèrent pour retirer leurs dépôts.

Le Greg Beck CEO, à qui l’on demanda en novembre s’il n’était pas dangereux de tant dépendre du secteur de la technologie, répondit « Je n’ai aucun doute que nous sommes les meilleurs du marché. »

Comme la plupart de son équipe dirigeante, il exerça pour des millions de dollars de stock-options quelques jours avant de dévoiler la situation de la banque au monde. Ultime tour de magie, des bonus leur ont été virés quelques heures avant la fermeture de la banque…

Alors que la FDIC ne garantit que les 250 000 premiers dollars de tout dépôt, elle annonçait dimanche que finalement, le montant intégral des dépôts serait mis à disposition, « dans le but de protéger l’économie américaine en renforçant la confiance du public dans son système bancaire ».

Elle prétend que ce plan de sauvetage, qui rappelle furieusement 2008, ne coûtera pas plus de 25 milliards de dollars, et qu’il ne sera pas à la charge des contribuables.

La Banque centrale européenne ayant largement imité la Fed, sur les taux d’intérêt négatifs, comme sur les milliards de milliards d’euros de rachats d’actifs financiers, on peut craindre que des situations similaires à celle de la SVB ne se dévoilent.