Markus Braun, CEO de génie de Wirecard ou criminel? Photo: Hubert Burda Media

Wirecard : la fin d’une fraude ?

Le cours de l’action Wirecard a chuté aujourd’hui jusqu’à 63 %, un nouveau record pour une entreprise du DAX, à l’annonce que son auditeur E & Y n’arrivait pas à trouver 1,9 milliard d’euros de liquidités disparues, et que la publication du rapport annuel 2019 de l’entreprise était reportée pour la quatrième fois.

Ses obligations dues en 2024 ont chuté de plus de 20 %.

Wirecard était la fierté de la FinTech* Allemande, un service de paiement en ligne et mobile qui s’est internationalisé.

Sa filiale Wirecard Bank AG bénéficie d’une licence de banque en Allemagne, dont elle fait profiter des jeunes pousses de la FinTech, comme Curve, Atom ou Revolut.

En octobre 2019, le Financial Times rapporta qu’il apparaissait que des membres du personnel de Wirecard avaient conspiré pour exagérer frauduleusement les ventes et les profits des filiales du groupe à Dublin et Dubai, et trompé son auditeur depuis dix ans.

En décembre, le FT affirma que des comptes en séquestre, contrôlés pour le compte de Wirecard et de certains de ses partenaires, étaient exploités pour augmenter les liquidités du groupe.

Le 30 janvier 2019, le Financial Times rapporta qu’un dirigeant de premier rang de Wirecard était suspecté de falsifier des comptes et de blanchir de l’argent dans les opérations du groupe en Asie-Pacifique.

Wirecard réagit très brutalement, lançant deux actions en justice contre le quotidien économique.

En février 2019, le procureur de Munich lança une enquête criminelle contre Dan McCrum, le journaliste du Financial Times, qui aurait violé les régulations boursières allemandes.

L’autorité de régulation de la finance en Allemagne, BaFIn, interdit la vente à découvert des actions Wirecard du 18 février au 18 avril 2019.

KPMG, embauché par Wirecard pour faire un audit indépendant, ne trouva rien à redire.

Pourtant, le 28 avril 2020, E & Y annonça n’avoir pas reçu suffisamment de documents pour démentir les allégations d’irrégularités comptables.

Le 5 juin, la police a perquisitionné le siège du groupe dans le cadre d’une enquête criminelle sur des affirmations potentiellement trompeuses pour les investisseurs, visant son CEO Markus Braun et trois autres membres du conseil d’administration de Wirecard.

Un rapport du Citizen Lab de Toronto affirme que les personnes et les organisations qui ont critiqué publiquement Wirecard, y compris les journalistes, les investisseurs à découvert et les fonds d’investissement, ont été victimes à répétition de piratages et de menaces de Dark Basin, un groupe de pirates vendant ses prestations illégales au plus offrant.

À ce jour, rien ne laisse à penser que Wirecard a été honnête, et sa fermeture est probable. Les autorités allemandes qui l’ont protégée à tort et à travers finiront par devoir s’expliquer.

Officiellement, l’entreprise travaille intensément avec ses auditeurs pour clarifier la situation. Si son rapport annuel 2019 n’est pas publié demain, vendredi 19 juin 2020, ses créditeurs sont en droit d’annuler 2 milliards d’euros d’emprunts.

 

* FinTech: jeunes pousses obtenant un avantage compétitif sur les autres établissements financiers en tirant parti des dernières possibilités du numérique.