Atos lance une OPA amicale sur Bull

L’Offre publique d’achat

La SSII Atos, spécialisée dans l’infogérance et l’intégration de systèmes, lance une OPA amicale sur Bull, pour devenir leader européen du Cloud, de la sécurité et du Big Data.

L’offre, qui a été acceptée dimanche par le conseil d’administration de Bull, vise l’ensemble du capital, soit 620 millions d’euros. Le prix de 4,9 € par action offre prime de 30 % sur le cours moyen des trois derniers mois.

Atos utiliserait sa trésorerie de 800 millions d’euros pour financer l’opération entièrement en liquide.

Les deux actionnaires majoritaires de Bull, Crescendo Industries et Pothar Investment apporteront la totalité de leur participation de 24,2 % dans Bull.

Le chiffre d’affaires cumulé de l’ensemble frôlerait les 10 milliards d’euros.

Athos vise une synergie en coûts de 80 millions d’euros par an, sans plan social.

Philippe Vannier, Président Directeur Général du Groupe Bull, a indiqué:

« En rejoignant Atos, l’un des plus grands succès des sociétés de services informatiques, le Groupe Bull bénéficiera d’un accélérateur pour son plan stratégique « One Bull ». Je suis enthousiaste à l’idée de faire partie de ce nouveau développement dans lequel chacun apportera sa contribution. Ensemble, avec Atos nous partageons la même passion de la Business Technologie ».

 

Développer les activités Cloud, Big Data et cybersécurité

Si comme pour Athos, l’infogérance (39 %) et l’intégration de systèmes (26 %) sont les deux activités principales de Bull, au chiffre d’affaires de 1,26 milliard d’euros en 2013, Athos justifie l’acquisition par les activités Cloud (9 %) et Big Data et sécurité (26 %) de Bull.

Thierry Breton, Président Directeur Général d’Atos a déclaré:

« Je salue ce rapprochement comme une étape majeure pour ancrer notre leadership en Europe dans le Cloud, le Big Data, et la Cybersécurité et nous permettre de réaliser notre ambition de devenir un acteur de premier plan et la marque préférée de l’IT en Europe à l’horizon 2016. Les équipes de Bull dont la compétence est hautement reconnue dans des technologies de pointe, tels que la puissance de calcul, la gestion et l’analyse des données, et la cybersécurité complètent les capacités d’Atos de déploiement à très grande échelle. Grâce à notre expérience d’intégration et notre culture d’efficience opérationnelle, cette transaction bénéficiera grandement aux clients, collaborateurs et actionnaires de Bull et d’Atos. »

 

Infographie: Le Diligent. Données: Atos
Infographie: Le Diligent. Données: Atos

 

Le groupe combiné deviendra numéro un européen du Cloud avec 392 millions d’euros de chiffre d’affaires et pourra développer l’hébergement critique de Bull et sa solution Canopy.

Philippe Vannier, le PDG de Bull, dirigera une nouvelle entité dédiée au Cloud, au Big Data et à la cybersécurité, avec des produits et des services commercialisés sous la marque Bull.

Pour le Big Data, Atos veut profiter du savoir-faire et de la prominence de Bull dans le secteur du calcul haute performance, et le combiner aux connaissances des marchés verticaux d’Atos.

Enfin pour la cybersécurité, l’acquisition de Bull doublera le chiffre d’affaires de la division.

CloudRevenues

 

 

Notre avis

À moyen long terme, sauf bouleversement majeur de l’industrie, l’infogérance devrait perdre en importance à mesure que le Cloud continue sa croissance effrénée. Il est donc logique qu’Athos cherche à développer les activités à fort potentiel comme le Cloud et le Big Data.

Si l’acquisition de Bull est une première étape dans la volonté de devenir un acteur majeur du Cloud, il nous semble qu’Atos devra poursuivre sa stratégie d’acquisition avec célérité.

Tout le monde veut devenir un acteur majeur du Cloud et il n’y a pas de place pour tout le monde.

Amazon et Microsoft font la course en tête, et Google est parfaitement positionnée pour devenir rapidement numéro 3.

AWS, Microsoft Azure et Google Cloud Platform, sont les 3 seuls fournisseurs de services cloud à très grande échelle mondiale, avec des millions de serveurs physiques et des centres de traitement de données sur tous les continents. Très peu d’entreprises pourraient consentir les investissements financiers nécessaires pour les concurrencer sur la taille, et encore moins possèdent le savoir-faire.

IBM et HP, qui investissent des sommes considérables dans le Cloud, ne nous semblent pas pouvoir rejoindre cette ligue. RackSpace a récemment retenu Morgan Stanley pour réfléchir sur son avenir.

De ce point de vue, il nous semble illusoire pour Athos d’espérer garder le leadership en Europe pour longtemps. Athos devra jouer la carte de la protection des données personnelles et des clouds souverains, et profiter de son carnet d’adresses car elle ne pourra jamais concurrencer AWS, Azure ou GCP sur les prix.

Elle pourrait se faire l’apôtre de l’agnosticisme et proposer à la fois le modèle hybride Azure de Microsoft et le modèle Open Stack.

Elle pourrait se spécialiser dans le HPC en tant que service, en profitant du savoir-faire de Bull. Le savoir-faire de Bull dans la fabrication de serveurs « standards » pour le Cloud nous semble nettement moins pertinent quand les ténors de l’industrie ont déjà rendu libres les spécifications et les designs de serveurs et d’autres parties des centres de traitement de données avec opencompute.org.

Elle pourrait s’allier avec (ou racheter) SIGFOX pour offrir des solutions M2M de bout en bout.

Elle devrait probablement spécialiser et repenser son offre Canopy. Son offre SaaS par exemple consiste pour l’essentiel à revendre du Microsoft (CRM, Sharepoint), du SAP (Enterprise Mobility) ou de l’EMC (sauvegarde, documentum). Ce genre de partenariats est toujours fragile, à la merci d’un changement de stratégie commerciale du partenaire.