L’interdiction du téléphone portable à l’école est loin de faire l’unanimité

En France, deux adolescents sur dix étaient équipés d’un smartphone en 2011, une proportion passée à huit sur dix en 2015 d’après une étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc).

Selon le dernier baromètre de l’ARCEP, 92 % des adolescents de 12 à 17 ans, en France, possèdent un téléphone portable, et 86 % un smartphone.

Il n’existe pas d’étude similaire sur les élèves du primaire, mais il est certain qu’ils sont de plus en plus nombreux à en être équipés.

Dimanche lors du Grand Jury sur RTL-LCI, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, a confirmé l’interdiction du téléphone portable dès la rentrée 2018 pour les écoliers et les collégiens, une mesure du programme de campagne d’Emmanuel Macron.

Aucune modalité n’a toutefois été détaillée.

Le ministre a rappelé l’importance du téléphone « pour des usages pédagogiques » et « pour des situations d’urgence ». Il privilégie le confinement des appareils dans des « casiers fermés » par exemple, comme il l’avait proposé en septembre.

Une décision loin de faire l’unanimité. Elle coûterait cher et la place manque à la plupart des écoles pour installer des casiers.

Pour les uns, il s’agit tout simplement d’un effet d’annonce, puisque l’usage du téléphone est déjà interdit par l’article L511-5 du code de l’éducation :

« Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite. »

Au lieu de s’attaquer aux difficultés comme le recrutement et la formation des enseignants ou la maîtrise des outils numériques, le ministère s’intéresserait à un sujet anecdotique, mais porteur dans les médias.

Pour les autres, l’interdiction est difficile à appliquer, puisqu’un enseignant n’a pas le droit de fouiller un élève, ni de confisquer un téléphone, qui n’est pas un objet dangereux.

Si le risque de dépendance au smartphone est bien réel, et s’il est nécessaire que les écoliers et les collégiens participent aux cours au lieu de porter toute leur attention au téléphone portable, les parents restent attachés à leur autorisation pendant les récréations et la pause déjeuner, pour les urgences et comme moyen de lutte contre le harcèlement.