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La directrice de YouTube repart à l’assaut de l’Article 13

Suzanne Wojcicki, la directrice de YouTube, avait appelé le 22 octobre les youtubeurs à manifester publiquement leur opposition à l’article 13 de la directive européenne sur le droit d’auteur, adoptée le 12 septembre.

Cet article impose aux plateformes en ligne de nouer des accords avec les ayants droit des contenus qu’elles veulent distribuer, et de les rémunérer, ce qui permettra aux utilisateurs de partager légalement les contenus soumis au droit d’auteur. Et à ces plateformes de les laisser faire.

Les plateformes américaines ont monté depuis des années des groupes de pression pour tenter de faire capoter la réforme européenne du droit d’auteur.

Malgré un site anti-article 13 et son appel, Wojcicki n’a pas réussi à motiver les youtubeurs.

Aujourd’hui, elle repart à l’assaut. Sur le blogue de YouTube pour les créateurs de contenus, elle menace de priver les Européens de contenus, parce que le risque financier serait intenable pour la plateforme. Des Européens qui regardent chaque jour 3 milliards de vidéos sur YouTube.

Elle prend l’exemple du hit musical global Despacito. YouTube a conclu des accords sur les droits d’auteur avec de nombreuses parties prenantes (enregistrement, droits de diffusions, etc.), mais quelques ayants droit sont toujours inconnus.

Avec l’article 13, YouTube se sentirait obligé de bloquer le clip en Europe afin d’éviter tout risque.

Wojcicki souhaite donc travailler avec les législateurs et l’industrie pour trouver d’autres solutions que l’article 13, de préférence basées sur son système de gestion de droit d’auteur Content ID.

On notera que YouTube a eu plusieurs années pour mener à bien une telle initiative. On espère que si les législateurs se montrent flexibles, ils exigeront quelque chose en retour, ne serait-ce que plus de transparence sur cette filiale de Google, dont le chiffre d’affaires annuel est estimé entre 10 et 15 milliards de dollars, et qui doit engranger des bénéfices considérables, alors qu’elle paie les artistes une misère.

On constatera toute l’hypocrisie d’une entreprise qui s’est fait une rente de situation grâce au piratage. Ses fondateurs évaluèrent à 80 % le trafic de la plateforme qui disparaîtrait si les contenus soumis au droit d’auteur étaient retirés.

Lors de l’audite préalable à son acquisition par Google, le Crédit Suisse estima que 60 % de l’offre de la plateforme était constituée de contenus soumis au droit d’auteur, et que YouTube n’avait acquis de licences que pour 10 % de ces derniers.