Photographie symbolisant l'espionnage

Les logiciels malveillants d’une entreprise israélienne auraient été utilisés pour pirater les mobiles de journalistes et de militants dans le monde entier

Un consortium global de médias, nom de code Projet Pegasus, accuse, après des mois d’enquête, la société israélienne NSO Group, malgré sa licence d’export attribuée par le gouvernement d’Israël, supposée représenter un gage de sérieux, d’avoir vendu son logiciel malveillant Pegasus à de nombreux États, résultant en l’espionnage d’au moins 37 téléphones mobiles appartenant à des journalistes et des militants.

En particulier, des personnes liées au journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui fut assassiné sur l’ordre du prince héritier Mohammed ben Salmane, vice-premier ministre et tyran qui fréquenta tout le beau monde international.

Le logiciel Pegasus permet de siphonner toutes les données d’un terminal mobile, en toute discrétion, et jusqu’à présent, en toute impunité.

Les numéros de téléphone appartiennent à une liste de 50 000 numéros de 2016, obtenue par Forbidden Stories et Amnesty International, et partagée avec le consortium, qui l’analysa.

Plus de 15 000 numéros viennent du Mexique, et de nombreux autres du Moyen-Orient : Qatar, Émirats arabes unis, Bahreïn, Yémen, Arabie saoudite, de pays comme l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, et le Pakistan.

La France n’est pas en reste avec plus de 1 000 numéros de téléphone.

Les journalistes purent identifier les numéros de plus de 1 000 personnes de 50 États, y compris des membres de la famille royale saoudienne, plus de 65 dirigeants d’entreprises, 85 militants des droits de l’homme, 189 journalistes et 600 politiciens et officiels de gouvernement, dont des chefs de cabinets, des diplomates, des officiers militaires et de la sécurité.

Sur les 67 téléphones analysés par le laboratoire de sécurité d’Amnesty International, 23 furent infectés avec succès, 14 montrent des signes de tentatives de pénétrations, et 30 sont incertains, le plus souvent parce qu’ils ont remplacé d’autres téléphones.

Les journalistes identifiés travaillent pour des entreprises de presse telles que Associated Press, Voice of America, New York Times, Wall Street Journal, Bloomberg, Le Monde, Financial Times, Al Jazeera.

Officiellement, les logiciels de NSO sont supposés être exclusivement exploités pour surveiller les terroristes et les membres du crime organisé.

Comme on a pu le constater à maintes reprises, ce n’est pas le cas, l’appât du gain étant la seule motivation de NSO, dont le conseil d’administration est composé de trois Israéliens et six Européens, ces derniers tous du secteur de la finance.

Contrairement à ce que cette firme israélienne prétend, aucun contrôle n’est fait de l’usage de Pegasus, une fois déployé.

Cette dernière, entachée de nombreux scandales, avait pourtant affirmé haut et fort qu’elle ne commercerait plus avec ses clients qui violent les droits humains.

Cette fois-ci encore, NSO assure que les conclusions de l’enquête sont exagérées.

Alors que les armes traditionnelles visent principalement les militaires, les cyberarmes, elles, ciblent surtout les populations civiles.

La plupart des pays ont des lois contre la surveillance et l’interception des communications, presque aucun ne possède de protection efficace.