ProtonMail : remise en question d’une messagerie privée

ProtonMail est un service de messagerie dont la seule raison d’exister est la protection supérieure de la vie privée qu’il confère, avec un chiffrement de bout en bout, pas de journalisation des adresses IP par défaut, et une coopération avec la police, suisse, limitée à des « affaires criminelles extrêmes » et au droit suisse.

Un rapport de police prouve pourtant que la police française a obtenu du service l’adresse IP d’un militant français, d’un collectif nommé « l’Arche-les Révolté·e·s de la place Sainte-Marthe » qui s’est fait connaitre en squattant le restaurant parisien Le Petit Cambodge – une des cibles des attentats du 13 novembre 2015, abandonné depuis plus de cinq ans – afin de « lutter contre la gentrification » i.e. Airbnb et les spéculateurs immobiliers.

Une occupation sans doute illégale, mais difficilement qualifiable d’affaire criminelle extrême.

Et pourtant, ProtonMail n’a pas hésité à répondre à la requête de la police française, via Europol et la police suisse.

Son CEO se défend, en répétant que son entreprise ne coopère qu’avec la police suisse. D’après son rapport de transparence, les requêtes de cette dernière sont passées de 13 en 2017 à 3 572 en 2019…

Mais dans ce cas précis, ProtonMail a bien surveillé l’adresse IP du militant, ce qui n’est effectué, d’après ses conditions d’utilisation, uniquement en cas d’affaires criminelles extrêmes.

C’est pourquoi les militants de tous bords, les défenseurs de la vie privée et les journalistes qui utilisent cette messagerie sont atterrés, et sans doute en recherche d’un nouveau prestataire de messagerie.

Dans le même ordre d’idée, nous recommandons fortement à nos lecteurs, qui pensent protéger leur vie privée à l’aide d’un service de réseau virtuel privé (VPN), de bien lire toutes les conditions d’utilisation du service.