Google veut contribuer à une publicité numérique qui respecte la vie privée

Google, sans doute le champion ex aequo de la violation de la vie privée avec Facebook, de la dénaturation des cookies tiers pour tracer les internautes à la création de super-cookies pour passer outre les protections de la vie privée incluses dans certains navigateurs, sans compter les très nombreuses violations d’obtention de consentements actifs et éclairés.

Soudainement, après 23 années d’abus qui l’ont rendu richissime, le numéro un de la publicité numérique alerte que la plupart des gens se sentent traqués par la publicité et que les risques liés aux collectes de leurs données personnelles sont supérieurs aux bénéfices qu’ils en tirent.

Aujourd’hui, David Temkin, « Directeur de la gestion de produit, vie privée et confiance dans les publicités », rappelle que Google a l’intention de ne plus travailler avec les cookies tiers, dans le futur, et qu’une fois ceux-ci abandonnés, l’entreprise n’allait pas développer d’autres formes d’identifiant pour pister les individus quand ils surfent sur la toile, ni les utiliser dans ses produits.

On peut s’étonner qu’il ne mentionne pas les agents utilisateurs, que l’entreprise avait promis de supprimer également en janvier 2020.

La solution, afin que le marché de la publicité ne s’effondre, serait de s’appuyer sur des interfaces de programmation qui préservent la vie privée (« privacy-preserving APIs »), qui empêchent de pister l’individu tout en obtenant des résultats pour les annonceurs publicitaires et les éditeurs.

Les avancées dans les techniques d’agrégation, d’anonymisation, de traitements sur les appareils et d’autres technologies de sauvegarde de la vie privée offriraient un chemin clair vers le remplacement des identifiants individuels.

Encore une belle manifestation d’intentions de Google, qui a tant abusé de sa position dominante que même les législateurs américains réfléchissent sur son éventuel démantèlement.

Nous ne pouvons inviter le lecteur qu’à l’extrême prudence : une entreprise qui affiche quelques fois par an sa bonne volonté, sans jamais traduire ses promesses dans les faits. Pourquoi n’a-t-elle pas effectué plus tôt cette transition vers une publicité ciblée qui respecte la vie privée ? Pourquoi ne travaille-t-elle pas de concert avec ses concurrents pour trouver des solutions universelles compatibles avec tous les navigateurs ?

On se rappellera que, quand les premiers bloqueurs de publicité sont apparus, Google les a immédiatement dévoyés en payant les éditeurs pour être exclus de leurs mécanismes de blocage.

On se rappellera que, quand Facebook a décidé de développer un système concurrent d’enchères publicitaires, Google lui a immédiatement offert des avantages secrets dans le cadre d’une entente illégale, pervertissant entièrement ce système pour ses autres partenaires, en abusant de la position dominante du duopole de la publicité numérique dans le monde.