Alors que le président de la République est obnubilé par les jeunes pousses (« La France est une startup nation »), à qui il donne des milliards de subventions hors budget et souhaite consacrer 50 % des 34 milliards de « France 2030 », et que nombre d’entre elles se sont fortement développées grâce à sa gestion de la pandémie de Covid-19 (confinements, télétravail obligatoire, multiplication des rendez-vous chez le médecin et dans les laboratoires d’analyse), ces dernières ne sont pas toujours un atout pour la santé.
Dans sa revue Spectrum, l’association professionnelle internationale IEEE (Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens), en apporte un exemple horrifiant.
Second Sight Medical Products, une jeune pousse américaine fondée en 1998, obtint en 2011, une première mondiale, l’autorisation de commercialiser en Europe ses implants, dont le but est de restaurer la vue pour les personnes atteintes de rétinite pigmentaire.
Plus de 350 patients ont bénéficié de cette innovation, vendue 150 000 $ aux États-Unis, qui leur donne une vision bionique rudimentaire, plutôt que de finir par perdre entièrement la vue à cause de cette maladie génétique.
D’après l’estimation d’un patient, il faut compter des mois, voire des années de rééducation, pour un coût total de près de 500 000 $ (450 000 €).
Les patients atteints de cette affliction sont souvent désespérés et prêt à tout. Selon un chercheur en vision, on leur aurait vendu de l’espoir plus qu’une performance éprouvée, et l’implant aurait montré des signes de faiblesse. Second Sight aurait fait pression pour qu’il ne publie pas les résultats de ses recherches.
Pour une patiente, l’implant cessa, définitivement, de fonctionner quatre ans après, dans le métro new-yorkais.
En 2019, la technologie, devenue obsolète, est abandonnée par Second Sight, une entreprise au bord de la faillite, qui a remercié presque tous ses employés en 2020, sans en informer aucun de ses patients.
Les patients à qui l’on avait promis une mise à jour logicielle ne la recevront pas. Si leur implant, nommé Argus ne fonctionne plus, ils n’auront pas de solution de secours: il n’y a ni stock d’implants, ni de pièces détachées.
Pire encore, outre la perte de la vision rudimentaire, un Argus défaillant pourrait occasionner des complications médicales, et interférer avec des procédures, tels que les IRM. Les retirer pourrait être très douloureux.
En 2021, Second Sight réussi à lever 57,5 millions de dollars par introduction en Bourse, et se concentre exclusivement sur les essais cliniques de son implant pour le cerveau, Orion.
Pour autant, l’entreprise continue à vanter l’Argus II sur son site, comme s’il était encore commercialisé…
Depuis, le cours de son action a été divisé par trois. Il y a quelques jours, elle a annoncé une fusion potentielle avec une autre jeune pousse, Nano Precision Medical, qui ne conserverait aucun membre de la première parmi ses dirigeants.