La SPAC est le moyen à la mode depuis quelques années pour entrer en Bourse.
Il s’agit d’une « société d’acquisition à vocation spécifique », une société sans activité opérationnelle dont la seule vocation est d’acquérir ou de fusionner avec une société non cotée en Bourse : comme ses propres titres sont émis sur un marché boursier, la société acquise ou fusionnée devient cotée en Bourse sans avoir à recourir à une introduction en Bourse.
Théoriquement, les deux partis y gagnent, puisque l’on économise ainsi le coût d’une introduction en Bourse, et les commissions, qui pourraient être jugées abusives, que s’offrent les banques d’affaires, les souscripteurs, les avocats et autres acteurs des IPO.
Mais c’est surtout un moyen fort pratique d’éviter de rendre des comptes : pas de prospectus à publier, pas de bilans comptables à divulguer, ni de prévisions financières à présenter à des prospects.
C’est ce que finissent par découvrir, au prix fort, nombre d’investisseurs. Comme ceux de Grab, le numéro un des voitures de transport avec chauffeur, et de la livraison de nourriture à domicile de l’Asie du Sud-Est.
Ses pertes nettes ont doublé au quatrième trimestre 2021 à plus de 1,1 milliard de dollars (environ 990 millions d’euros), tandis que son chiffre d’affaires a chuté de 40 % à 122 millions de dollars (110 millions d’euros).
Comme Uber Technologies, son plus grand actionnaire, Grab est une machine à pertes bien rodée, qui n’a jamais connu une année bénéficiaire depuis sa création en 2012. En moins d’un an, sa capitalisation boursière a fondu de plus de la moitié, perdant plus de 13,5 milliards de dollars.
Au total, l’entreprise singapourienne a perdu 3,4 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) en 2021, soit 31 % de plus qu’en 2020.
Des résultats mal accueillis par les investisseurs : le cours de son action per 9 % avant l’ouverture de la Bourse de New York. Il a perdu 27 % depuis le début de l’année.