Alibaba prépare une introduction en bourse sur la base d’une valorisation de 160 milliards de dollars

La plus grande introduction en bourse aux États-Unis?

Le géant du commerce en ligne chinois Alibaba a déposé son prospectus d’introduction en bourse qui la valoriserait à environ 160 milliards de dollars (milliards d’euros), ce qui lui donnerait la même valorisation qu’Amazon.

L’action sera cotée au New York Stock Exchange, avec le symbole « BABA ».

Si l’entreprise vendait toutes les actions disponibles, elle collecterait 24,3 milliards de dollars (18,8 milliards d’euros) et ce serait la plus grande introduction en bourse depuis 2010.

Pour mémoire, l’IPO de Facebook avait rapporté 16 milliards de dollars et celle de Twitter 2 milliards.

Ce prix est dans la fourchette moyenne des estimations. Certains analystent tablaient même sur une capitalisation de 220 milliards de dollars, soit celles d’Amazon et d’eBay réunies.

Pourquoi un tel enthousiasme ?

 

Alibaba

Alibaba contrôle 80 % du commerce en ligne de la Chine.

Ses trois principaux sites sont Taobao Marketplace, « la destination de shopping en ligne la plus grande de Chine », Tmall, la plus grande plate-forme tierce pour les marques et les détaillants en Chine », et Juhuasuan.

Au total, ses 250 millions de clients actifs ont passé plus de 11,3 milliards de commandes pour un montant de 248 milliards de dollars, soit un volume supérieur à celui combiné d’Amazon et eBay.

Au deuxième trimestre 2014, ses marges d’exploitation s’élevaient à 43 % quand celles d’Amazon ne dépassaient pas les 0 %.

Jack Ma, le fondateur et PDG d’Alibaba, devrait récupérer 12 milliards de dollars de l’IPO au prix moyen de vente, tout en conservant 8 % du groupe.

Yahoo vendra 121 millions d’actions, ce qui devrait lui rapporter 7,6 milliards de dollars.

Le groupe japonais SoftBank Corp, l’actionnaire majoritaire d’Alibaba, ne vendra aucune de ses parts et détiendra 32 % du groupe. Les 20 millions de dollars qu’elle a investis, en 2000, se seront transformés en une participation de 50 milliards de dollars.

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Une structure opaque et un pdg autocrate

Pour les investisseurs, l’investissement dans Alibaba n’est pas sans risque. D’une part, la valorisation représentera 41x les bénéfices 2013, ce qui est très élevé, même si moins extrème que les 600x d’Amazon .

D’autre part, la Chine limite les investissements étrangers dans les industries sensibles comme Internet.

Les investisseurs investiront donc dans une holding offshore basée aux Îles Caïman, qui leur donne droit aux profits. Mas les actifs d’Alibaba appartiendront à Jack Ma et au cofondateur Simon Xie.

Ce système d’entité à détenteurs de droits variables est régulièrement utilisé par les entreprises technologiques chinoises. Mais la Chine ne s’est jamais prononcée sur leur légalité, et les investisseurs ne peuvent espérer de protection juridique.

Et Jack Ma a pris l’habitude de prendre des décisions majeures à son profit personnel, sans l’aval des actionnaires, en toute impunité. Comme suite aux disputes avec Yahoo par exemple, il transférait la propriété du service de paiement Alipay d’Alibaba à une entité qu’il contrôlait.

Après des négociations avec les actionnaires principaux, Softbank et Yahoo, détenant 70  % du capital d’Alibala, n’eurent droit qu’à 49 % des profits d’Alipay et 0 % des actifs.

En échange, Jack Ma obtenait le contrôle d’une holding qui réunit toutes les filiales financières du groupe, la Zhejiang Small and Micro Financial Services Company, et qui propose des services de paiements, de la gestion de fortune, le financement de PME. Cette véritable entreprise dans l’entreprise aurait une valeur de plus de 25 milliards de dollars.