Le financement par Microsoft d’une jeune pousse israélienne dont la reconnaissance faciale est exploitée pour espionner les Palestiniens est-il la preuve de son hypocrisie ?

Alors que la reconnaissance faciale devenait de plus en plus controversée, Brad Smith, président de Microsoft, milita en juillet 2018 sur le blogue de l’entreprise, pour une régulation publique et pour la responsabilité des entreprises.

Si la reconnaissance facile peut être exploitée à des fins utiles, comme le repérage d’un enfant disparu, elle peut aussi servir contre le droit à la vie privée, à un pistage permanent des citoyens / consommateurs, aux assassinats par drones, et à maintenir le sexisme et le racisme avec des systèmes qui ont bien plus de mal à reconnaître les personnes à la peau foncée et les femmes.

En décembre, Microsoft énonça six principes pour guider la reconnaissance faciale : l’impartialité, la transparence, la responsabilité, l’absence de discrimination, l’avertissement et la demande de consentement, et la surveillance légale.

Cela n’a pas empêché Microsoft, via sa filiale de capital-risque M12, de participer en juin 2019 au tour de table A de 78 millions de dollars de la jeune pousse israélienne de reconnaissance faciale AnyVision, auquel participèrent aussi LightSpeed Venture Partners, Robert Bosch et Qualcomm Ventures.

Certes, cette dernière a accepté les six principes de Microsoft, alors qu’un partenariat est esquissé, et que les services d’AnyVision seront vendus dans le magasin d’affaires de Microsoft.

Mais son bilan pour le respect des droits humains est exécrable : ses produits sont exploités par les Israéliens pour surveiller la Cisjordanie, l’ancien chef du Mossad Tamir Pardo est à la tête du comité consultatif d’Anyvision.

Ses services sont également exploités en Russie et à Hong Kong, où les protestataires ont défilé cette semaine avec des lasers afin d’éviter la reconnaissance faciale.

Son cofondateur a confié au magazine israélien The Marker qu’il faisait du lobbying actif auprès du gouvernement américain pour promouvoir la reconnaissance faciale comme « une bonne chose ».

C’est pourquoi l’ACLU, une organisation américaine de défense des droits civils, reproche à Microsoft, son manque de transparence.