Google se réorganise avec la société faîtière Alphabet

Alphabet

Larry page vient d’annoncer la restructuration de Google en conglomérat, avec la création d’une société faîtière, Alphabet.

Elle détiendra d’un côté la société Google classique, avec ses activités clés de produits Internet : moteur de recherche, publicité, Android, YouTube, responsable de la quasi-totalité des bénéfices et du chiffre d’affaires du groupe.

D’un autre côté, Alphabet détiendra des participations dans toutes les activités annexes de Google :

– La branche investissements avec Google Ventures et Google Capital ;

– Certaines sociétés acquises comme Nest ;

– Les paris lointains sur l’avenir : X Labs (voitures autonomes, drones etc.), sciences de la vie avec les lentilles de contact qui mesurent la glycémie, Calico qui s’intéresse à la longévité.

Alphabet remplace Google Inc. comme société cotée en Bourse, conserve les symboles GOOGL et GOOG sur le Nasdaq, et toutes les actions seront automatiquement converties avec les mêmes quantités et les mêmes droits de vote.

 

Pourquoi le nom Alphabet ?

Pour Larry Page, le langage est l’une des inventions les plus importantes de l’humanité. Alphabet est aussi un jeu de mots sur alpha, qui est en finance une mesure du retour actif sur investissement, et bet qui signifie pari en anglais.

 

Une réponse à Wall Street

Pourquoi ce changement, et pourquoi maintenant ?

Cette restructuration du capital est d’abord une réponse à Wall Street, et les pressions répétées des investisseurs qui n’apprécient pas le manque de transparence sur le financement de projets hautement spéculatifs, qui n’ont rien à voir avec le cœur de métier, et qui sont financés par ce dernier. La bourse a d’ailleurs salué cette nouvelle, avec une hausse du cours de plus de 10 % depuis l’annonce.

Avec la nouvelle structure du capital, les résultats financiers du Google classique seront clairement séparés des activités annexes, dès le quatrième trimestre. Elle rend Google plus attractive pour les acquisitions et les partenariats.

Il pourrait aussi s’agir d’un mouvement de défense préventif contre d’éventuelles décisions des autorités de régulation comme les autorités antitrust européennes.

 

Un tremplin pour les dirigeants

La restructuration permet d’éviter les départs des talents clés de Google, qui n’apprécient pas toujours la bureaucratie actuelle et le flou des responsabilités.

Page veut « valoriser les grands entrepreneurs et permettre aux entreprises de prospérer ».

La société Alphabet sera dirigée par Larry Page en tant que CEO et Sergey Brin en tant que président ; Google par Sundar Pichai, le grand gagnant de la réorganisation ; YouTube par Susan Wojcicki ; Nest par Tony Fadell.

 

Le début d’une réorganisation ?

Il semblerait que le modèle d’affaires de Page soit Berkshire Hathaway, le conglomérat de Warren Buffet qui détient des participations dans des activités diverses et indépendantes.

On peut toutefois se demander si les actionnaires d’Alphabet verront en Larry Page un grand gestionnaire de conglomérat.

Il nous semble plus probable qu’une fois la clarté faite sur la rentabilité des différentes sociétés, ils exigeront la séparation totale de Google du reste d’Alphabet.

Malgré les apparences, Google n’a qu’un tour dans son sac : la publicité numérique. Cette dépendance est risquée, mais plus rémunératrice qu’une planche à billets. Elle alimente, et continuera d’alimenter tous les projets, aux potentiels énormes mais douteux, des deux cofondateurs tant qu’elle ne sera pas entièrement indépendante.