Le dîner de cons, un film de Francis Veber

Marché de dupes ? Razer incite ses clients à miner des cryptomonnaies

Le fabricant de périphériques pour joueurs Razer incite les joueurs à télécharger Razer SoftMiner, un logiciel en bêta, afin de miner les crypto-monnaies:

Le minage consiste en la vérification de transactions dans une cryptomonnaie, afin de les ajouter à un bloc de la chaîne de blocs. C’est un procédé très intensif en calculs, généralement effectué par des serveurs avec des processeurs et des cartes graphiques accélératrices puissantes, voire des puces FPGA ou ASIC spécifiques.

Comme la tâche consomme beaucoup d’énergie et nécessite un investissement considérable en matériel, il est récompensé en monnaie virtuelle.

D’ailleurs, Razer recommande un PC avec au minimum une carte graphique Nvidia GTX 1050 ou une AMD RX 460.

SoftMiner détecte quand l’ordinateur ne fait rien, et exploite alors son GPU pour miner. En mode automatique, le logiciel empêchera l’ordinateur de passer en mode écran vérouillé, afin de pouvoir tirer partir du GPU.

Dans le cas de SoftMiner, ni Razer, ni les clients participants, ne gagneront une seule cryptomonnaie. Razer a conclu un accord avec GammaNow : ce dernier recevra les jetons de la cryptomonnaie, achètera à Razer – sans doute en dollars – des Razer Silver, qui seront reversés aux participants.

Razer Silver est une monnaie virtuelle de Razer, qui permet d’obtenir des réductions ou d’acheter ses produits, et sans doute un moyen pour Razer de passer outre la TVA et les autres taxations, en plus d’avoir le désavantage pour le client d’être hautement illiquide.

Razer affirme qu’un PC peut gagner jusqu’à 500 silvers par jour de minage, avec ‘une configuration adaptée’.

Prenons l’exemple du nouveau clavier Razer Huntsman Elite. Il coûte 210 euros TTC en France, ou 280 000 Razer Silver.

Il faudra donc laisser son PC miner pendant 560 jours, 24 heures sur 24 pour espérer gagner 210 euros. Soit un gain brut de 37,5 centimes d’euros par jour. Auquel il faut retirer l’électricité dépensée ainsi que l’amortissement du matériel. Sans compter le coût indirect en émissions de carbone et en réchauffement de la planète.

Dans ces conditions, cette opportunité nous semble être un marché de dupes, et nous recommandons à nos lecteurs de ne pas y participer.

La réalité est que le minage n’est rentable que si le cours d’une cryptomonnaie atteint un certain niveau.

Avec la chute des cours, il n’est plus rentable en ce moment, sauf peut-être pour une poignée d’entreprises gigantesques, de miner. D’où le recours à des logiciels malveillants, et maintenant à Razer SoftMiner.

Un autre signe d’avertisssement pour qui est tenté: pendant quelques années, le coût des cartes graphiques haut de gamme augmenta considérablement et elles furent difficilement trouvables, tant elles étaient achetées par milliers par les mineurs. Au dernier trimestre, Nvidia comme AMD ont estimé que la demande des mineurs serait désormais nulle.

Comme il suffit d’une adresse de courriel pour ouvrir un compte Razer, on pourrait se trouver dans une situation où une personne de moins de 18 ans transforme son PC en usine de minage à l’insu de ses parents.

À juste raison, de nombreux logiciels anti-virus détectent SoftMiner comme un virus. Razer affirme que non, mais ne publie pas le code source de son application. On ne peut donc exclure la possibilité que des données personnelles soient exfiltrées ou que des charges de travail malveillantes soient téléchargées.