Big Brother : le Royaume-Uni testerait outil de surveillance de masse sur la toile

Depuis plus de deux ans, et donc alors que le Royaume-Uni était encore un membre de l’Union européenne, le Royaume-Uni développe et teste, avec le concours de la police et d’entreprises internet, un outil qui peut journaliser et stocker la navigation internet de chaque personne du pays.

Ces tests sont conduits dans le cadre de la loi de surveillance Investigatory Powers Act de 2016, souvent appelée « la charte des espions », une loi controversée et contestée devant les tribunaux.

Si l’outil de surveillance de masse était mis en œuvre à l’échelle du pays, il créerait sans doute l’un des plus puissants outils de collecte de données, et le Royaume-Uni n’aurait rien à envier ni à la Chine, ni à la Corée du Nord.

Pourtant, le GCHQ avait déjà opéré une surveillance de masse en interceptant secrètement le trafic passant par les fibres optiques des câbles sous-marins pendant des années. Une surveillance jugée illégale par les tribunaux anglais en 2016, et par la Cour européenne des droits de l’homme en 2017.

L’Investigatory Powers Act fut aussi critiqué à l’époque pour ne pas remettre en cause la légalité de ces pratiques de surveillance.

Les enregistrements, nommés Internet Connection Records ou ICR, sont les métadonnées de ce que vous effectuez en ligne : le qui, quoi, où, pourquoi et quand de votre vie numérique.

Les fournisseurs d’accès internet et les opérateurs télécoms seraient tenus de conserver ces enregistrements pendant un an.

Les associations de défense des libertés individuelles arguent que le manque de transparence des essais, dont le but est théoriquement de s’assurer que les types de données collectées sont nécessaires et proportionnés, et ultimement de décider si le système sera étendu à l’échelle de la nation, et l’absence de progrès, indique que la législation n’est pas proportionnée à la réalisation des buts qu’elle poursuit.

Heather Burns, en charge de la politique de l’Open Rights Group, affirme qu’une évaluation d’ICR semble nécessiter que les FAI collectent des bottes de foin afin d’identifier une aiguille.

Les FAI et opérateurs n’auraient pas le droit de discuter ou de donner leur avis sur le système de surveillance de masse.

Ceux qui ne se souviennent pas pourquoi la surveillance de masse n’est jamais la bonne solution pour une nation, peuvent se référer aux nombreux articles mentionnant Edward Snowden, qui dévoila aux Américains et au monde entier le programme (illégal) de la surveillance de masse des Américains par la NSA. En novembre 2016, il déclara : *

« Le Royaume-Uni vient de légaliser la surveillance la plus extrême de l’histoire de la démocratie occidentale. Elle va plus loin que bien des autocraties. »

Dans ces conditions, on ne peut que se réjouir du Brexit.

 

* Traduction : Le Diligent