La Commission Européenne promeut le Big Data auprès des États membres

Dans une démarche résolument pro entreprise, la Commission Européenne souhaite promouvoir le secteur Big Data, ou données massives auprès des États membres de l’UE. Ce dernier devrait représenter une opportunité globale de 17 milliards de dollars en 2015 (12,4 milliards d’euros).

 

Les atouts des données massives

Les données massives sont la captation, la transmission, le stockage et l’analyse d’un nombre énorme de données, parfois en temps réel. Ces données proviennent des nombreux capteurs et compteurs qui nous entourent, directement ou indirectement, ainsi que d’un nombre prodigieux de statistiques issues de la numérisation de nos données, de nos transactions, de nos comportements et de nos communications. Les applications sont nombreuses:

 

Les problèmes du secteur

La Commission note que le secteur souffre des problèmes suivants :

  • Manque de coordination transfrontalière ;
  • Insuffisance des infrastructures et des possibilités de financement ;
  • Pénurie d’experts en données et de compétences dans ce domaine ;
  • Environnement juridique fragmenté et trop complexe.

 

Les propositions

Elle propose donc les actions suivantes :

  1. Mettre en place un partenariat public-privé «données massives» pour financer des idées révolutionnaires dans des domaines comme la médecine personnalisée ou la logistique alimentaire.
  2. Créer un incubateur de données ouvertes (dans le cadre d’Horizon 2020) pour aider les PME à mettre en place des chaînes d’approvisionnement basées sur les données et à utiliser davantage l’informatique en nuage.
  3. Proposer de nouvelles règles sur la « propriété des données » et la responsabilité de la fourniture de données pour les informations collectées par l’intermédiaire de l’internet des objets (communication de machine à machine).
  4. Recenser les normes en matière de données afin de déceler les lacunes potentielles.
  5. Mettre en place une série de centres de calcul intensif d’excellence pour accroître le nombre de travailleurs qualifiés en matière de données en Europe.
  6. Créer un réseau d’installations de traitement de données dans différents États membres.

 

Les limites

Concernant le point 3, on espère que la Commission ne passera pas sous silence tous les dangers pour le droit fondamental à la protection des données des citoyens européens.

Le nombre massif de données disponibles sur chacun d’entre nous, peut mener, avec une utilisation frauduleuse ou non réglementée, à une connaissance des plus intime des citoyens, qui peut si facilement être exploitée pour un profit. Au très grand détriment, durable, du citoyen.

Les données massives légalement stockées peuvent conduire aux pires abus de pirates qui en auraient pris le contrôle.

Comme on peut le constater régulièrement, même les plus grandes entreprises et les plus grands organismes publics souffrent d’une incapacité chronique à protéger nos données. Pour ne prendre qu’un exemple parmi des milliers, on peut citer les intrusions à répétition de pirates chez Orange.

Le désagrément de vol de données massives irait bien plus loin que le vol d’un numéro de carte de crédit. Les données massives peuvent servir à programmer des cambriolages, à faire chanter, ou optimiser un trafic d’organes par exemple.

Malheureusement, c’est souvent le cadet des soucis de la Commission comme des États membres, qui sont dépassés ou font mine d’ignorer tous les problèmes d’abus répétés, systématiques et endémiques de nombreuses sociétés, et des failles sécuritaires de nombre de standards comme le téléphone mobile ou le Wi Fi, qui n’ont jamais été corrigées, et qui ne le seront pas sans la pression de pouvoirs publics.

 

Conclusion

Si l’on peut se réjouir de l’attitude volontariste et pro entreprise de la Commission, on espère qu’elle n’y sacrifiera pas la sécurité et les droits fondamentaux de ses citoyens.

Les entreprises européennes ont déjà conscience de l’enjeu. Récemment, la SSII Atos a lancé une OPA sur Bull pour devenir leader européen Cloud, de la sécurité et du Big Data.

Et de nombreux États membres n’ont pas attendu la promotion de la Commission avant de s’y intéresser.

En France, la réflexion sur la nouvelle France industrielle, fait la part belle au Big Data, et à de nombreuses activités liées comme le Cloud Computing, les objets connectés, et l’E-éducation, pour n’en citer que trois.

Et propose:

  • La formation de « data scientists » ;
  • L’ouverture d’un centre de ressources technologiques pour accélérer la croissance des start-up ;
  • Le soutien à la R&D ;
  • L’organisation de la rencontre entre technologies et marchés verticaux (énergie, villes intelligentes, commerce, sécurité) ;
  • Le financement de fonds d’amorçage dédiés.