Amazon forcerait ses partenaires à lui offrir des actions à un prix inférieur au prix de marché

Les fournisseurs qui veulent que Amazon devienne leur client pour leurs produits et services s’aperçoivent régulièrement que pour faire affaire avec le géant du commerce en ligne, il y a une condition : lui réserver le droit d’acheter une grosse participation dans leur entreprise, à un prix parfois largement en deçà de la valeur de marché.

Cette accusation est proférée par le Wall Street Journal, qui précise que Amazon aurait déjà amassé plus de 75 participations ces dix dernières années avec des certificats titrisés d’option, potentiellement à un prix inférieur au prix de marché.

Ce qui représenterait des milliards de dollars d’investissement dans des entreprises non cotées en Bourse, de secteurs aussi divers que les centres d’appels et le gaz naturel : dans certains cas, Amazon deviendrait l’un des premiers actionnaires.

Parfois, les transactions prévoiraient des sièges au conseil de direction des fournisseurs réservés pour Amazon, voir le droit de surenchérir sur une offre tierce d’acquisition.

En d’autres termes, Amazon se réserve une part de la hausse potentielle de valeur d’un fournisseur quand celui-ci travaille avec elle. Ce qui ressemble fort à un abus de position dominante.

Actuellement, les régulateurs de plusieurs pays examinent déjà si Amazon n’abuse pas de sa position dominante en obligeant ses fournisseurs à adhérer à ses autres services, en exploitant leurs données pour décider ou non de lancer un concurrent à leurs produits, calqué sur ceux-ci, sous la marque Amazon, et bien d’autres manigances.

Ainsi, SpartanNash, un fournisseur de nourriture d’Amazon depuis 2016, a dû amender son contrat l’an dernier pour vendre des légumes à Amazon Fresh : si Amazon achète pour plus de 8 milliards de produits sur sept ans, Amazon aura le droit d’acheter 15 % des actions de l’entreprise, à un prix potentiellement inférieur à celui du marché.

SpartanNash doit informer Amazon de toute offre d’achat, et lui accorder dix jours pour proposer une contre-offre.

Les dirigeants de SpartanNash auraient été étonnés de ces demandes, jamais demandées par d’autres clients.

Quand l’accord fut signé, Amazon obtint ce qui correspondrait à 2,5 % des parts de SpartanNash si l’option était exercée. Si Amazon reçoit et exerce ses options pour les 12,5 autres pourcents, elle deviendrait le deuxième actionnaire de SpartanNash, derrière le fonds d’investissement BlackRock.

Dans son dernier rapport annuel, Amazon estime la valeur de ses certificats d’option titrisés à 2,8 milliards de dollars, soit cinq fois le niveau d’il y a trois ans, et la valeur totale de ses investissements dans d’autres entreprises à 8,4 milliards de dollars, soit dix fois plus qu’en trois ans.