Première victime
Une voiture autonome de Uber a percuté et tué une femme traversant une rue à Phoenix, dans la banlieue de Tempe en Arizona.
L’accident s’est produit à dix heures du soir dimanche – lundi à 3 heures du matin, heure de Paris. Un SUV Volvo XC90 de Uber en mode autonome, pourtant avec un opérateur à bord, a percuté Elaine Herzberg, 49 ans, à près de 65 kilomètres par heure. On ne sait pas si elle était sur son vélo ou marchait avec son vélo.
La femme est morte de ses blessures quelques heures plus tard à l’hôpital.
C’est la première fois qu’un véhicule autonome tue un être humain.
Uber suspend ses tests sur les véhicules autonomes en Amérique du Nord, qui se passaient en Arizona, à Pittsburgh et à Toronto.
Il est trop tôt pour déterminer la responsabilité de l’accident, qui fait l’objet d’une enquête de la NHTSA, l’organisme fédéral en charge de la sécurité routière.
Far West
Cette mort remet en cause le calendrier d’autorisation des véhicules autonomes.
Les entreprises comme Uber et Waymo font pression sur le Congrès pour le passage d’une nouvelle loi qui accélérerait la libéralisation des véhicules autonomes, alors que certains démocrates refusent de la soutenir pour des raisons de sécurité.
L’industrie souhaiterait l’élimination des régulations imposant un opérateur humain ou un volant.
Elle a obtenu des députés une mesure d’exemption des règles de sécurité imposant le contrôle humain. La version à l’étude au Sénat autoriserait tout vendeur automobile à vendre dans les 3 ans jusqu’à 80 000 véhicules autonomes chacun, à condition qu’ils puissent démontrer qu’ils sont aussi sûrs que des véhicules habituels.
Consumer Watchdog, une association américaine de consommateurs, exige un moratoire sur les essais de véhicules autonomes. Elle affirme que l’Arizona est le Far West des expérimentations avec les voitures robotisées à cause du manque total de régulation.
Inversement, les partisans des véhicules autonomes assurent qu’ils pourraient sauver d’innombrables vies.
VTC: l’élimination de tous les chauffeurs
Uber, qui fanfaronne à l’envi les emplois de chauffeurs qu’elle aurait créés et la libéralisation des forces vives souhaitant travailler, ne cache pas son objectif d’éliminer tous ses chauffeurs, avantageusement remplacés par des véhicules autonomes, afin de ne pas avoir à partager le chiffre d’affaires et d’espérer peut-être un jour obtenir son premier bénéfice.
En novembre dernier, L’entreprise a conclu un accord avec le chinois Zhejiang Geely Holding, propriétaire de Volvo, pour l’acquisition de dizaines de milliers de SUV XC90 et XC60, dans le but de les transformer en véhicules autonomes.
Il n’est peut-être pas surprenant que l’entreprise, connue pour son absence totale d’éthique et son mépris pour les lois et les régulations, soit à l’origine du premier accident mortel impliquant un véhicule autonome.
Elle avait racheté Otto, une jeune pousse de camions autonome, qui s’était fait connaître avec un test sur autoroute sans autorisation.
En mars 2017, Uber avait déjà dû suspendre ses tests de voitures autonomes, suite à un crash à Tempe.
Il y a quelques semaines, Uber a trouvé un accord avec Waymo qui l’accusait de vol de propriété intellectuelle, moyennant 2 % de son capital.