Les dirigeants d’IBM traitaient leurs employés âgés de bébés dinosaures

Les documents divulgués dans le cadre d’une action en justice contre IBM prouvent que son mépris pour ses employés les plus âgés est bien réel.

En 2018, l’ancien géant de l’informatique fut accusé par ProPublica d’avoir massivement bafoué les lois américaines contre sur l’égalité des chances, en remerciant dans les cinq dernières années 20 000 employés de plus de 40 ans, soit plus de 60 % du total durant cette période.

Même les employés séniors avec d’excellentes évaluations furent remerciés. IBM les aurait mésinformés sur leurs droits et forcés à céder leur droit à se retourner en justice.

IBM aurait régulièrement renvoyé des employés parce que leurs compétences étaient désuètes, pour les reprendre peu après en tant qu’employés temporaires avec des salaires réduits et moins d’avantages.

En 2020, la commission sur l’égalité des changes pour l’emploi, une agence fédérale américaine conclut ainsi son enquête : les dirigeants au plus haut niveau d’IBM poussaient leurs directeurs à réduire agressivement le nombre d’employés âgés. Ils ambitionnaient de supprimer les postes de 85 % de la vieille génération.

Aux États-Unis, il est interdit de discriminer contre les personnes de plus de 40 ans, et, à quelques exceptions près, il est interdit de recruter en fonction de l’âge.

Dans le cadre de l’un des nombreux procès de ses employés contre le groupe, de nombreux documents ont été rendus public vendredi par une cour fédérale.

Pour Shannon Liss-Riordan, une avocate qui représente des centaines d’anciens employés d’IBM, citée par le New York Times,  « Ces documents prouvent que des principaux dirigeants du groupe complotaient explicitement ensemble afin de remercier ses employés âgés pour faire de la place pour la génération du millénaire. »

Un courriel d’un des principaux dirigeants d’IBM se plaint que le groupe n’emploie que 42 % de personnes de la génération du millénaire, contre 72 % pour Accenture et souhaite augmenter les embauches de salariés sans expérience.

Un autre mentionne l’accélération du changement en invitant les « bébés dinosaures » à partir, ambitionnant d’en faire une « espèce disparue ».

Un troisième évoque la « main-d’œuvre maternelle désuète. Cela doit changer. Elles ne comprennent rien aux réseaux sociaux ni à l’engagement. Pas des natives numériques. Une grande menace pour nous. »

Parmi les tactiques employées pour les inciter à partir, IBM exigea d’eux et d’elles de déménager dans une autre partie du pays pour conserver leur emploi, sachant que seuls 8 à 10 % des employés acceptent de telles requêtes.

Alors qu’officiellement, les employés remerciés étaient incités à se porter candidat pour d’autres emplois au sein du groupe, ses dirigeants décourageaient les directeurs de les embaucher, exigeant qu’ils obtiennent l’accord du siège.

L’entreprise s’en défend, mais elle discrimine contre ses employés les plus âgés depuis longtemps : en 2017, elle parvint à un accord secret avec les employés l’accusant de supprimer en masse ses effectifs du baby-boom.

En 2004, elle dut payer 320 millions de dollars en dédommagement à des employés pour qui la modification unilatérale de ses régimes de retraite constituait une discrimination sur l’âge.